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Vue de Brest (1795)

Vue aérienne de Brest

HISTOIRE DE BREST

 

 

Ancien Régime

 

En 1593, sous l'ancien régime,  Henri IV donne à Brest le titre de ville et en 1631, Richelieu fait de Brest un port militaire. Il crée alors le port et les arsenaux, sur les rives de la Penfeld. Ces constructions nécessitèrent une main-d’œuvre abondante qu’il fallut loger. Brest est avec Toulon, le seul port capable d'accueillir des grands vaisseaux de guerre au XVIIe siècle. Ces derniers, qui sont de plus en plus lourds à cause du poids de plus en plus élevé de leur artillerie, nécessitent des tirants d'eau de plus en plus importants, soit 7 m après 1680. Le site est cependant sous dominante de vents d'ouest, ce qui rend difficile la sortie des escadres, problème qui ne sera résolu qu'avec l'apparition de la vapeur, au XIXe siècle.

 

L'Église Saint-Sauveur

Louis XIV guidé par les rapports du chevalier de Clerville en 1667 et ceux de l'intendant Chertemps du Seuil en 1670 et 1675, incorpore Recouvrance, petite ville sur la rive droite de la Penfeld, à Brest, alors uniquement sur la rive gauche, en 1680, par lettres patentes. L'expression locale Brest même, utilisée par les anciens Brestois, désigne Brest rive gauche dans ses limites traditionnelles d'avant ces annexions, par opposition à Recouvrance.

Article détaillé : Recouvrance.

La population passe de 2 000 habitants en 1661, à 6 000 habitants en 1683, en seulement vingt ans, sous l'action de Colbert. En vingt ans aussi, la flotte royale passe de 36 à 276 bâtiments, Brest étant capable de fabriquer une frégate en 22 heures contre 30 heures à Rochefort. En 1683, Vauban fortifia la ville, qui compte environ quinze mille habitants en 1715.

En 1686, venus par la mer à bord de L’Oiseau et de La Maligne, débarquent à Brest, trois ambassadeurs du roi de Siam accompagnés de six mandarins, trois interprètes, deux secrétaires et une vingtaine de domestiques, chargés de nombreux présents, ils venaient rendre visite au roi Louis XIV à Versailles. Empruntant à pied la rue Saint-Pierre, ils émerveillèrent les Brestois qui rebaptisèrent la rue en rue de Siam.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, quelques armateurs et négociants brestois arment en course, le plus connu des corsaires brestois étant Jean-François Riou de Kerhallet, né en 174.

Au XVIIIe siècle, Brest faisait partie de l'archidiaconé d'Ac'h relevant de l'évêché de Léon et comprenait deux paroisses, Saint-Louis (le 29 octobre 1702, le culte fut transféré de l'ancienne église des Sept-Saints à l'église Saint-Louis) et Saint-Sauveur, devenue paroisse distincte en 1750, le quartier de Recouvrance qui dépendait auparavant de la paroisse de Saint-Pierre-Quilbignon ayant été annexé par Brest en 1680. Le village de Saint-Marc, qui dépendait auparavant de Lambézellec était devenu en 1635 une trève de la paroisse brestoise des Sept-Saints. Afin d'agrandir le territoire de Brest, initialement minuscule, la paroisse voisine de Lambézellec fut progressivement grignotée.

Article détaillé : Lambézellec.

Au XVIIIe siècle, l’ingénieur brestois Antoine Choquet de Lindu dirigea les travaux du port et, en 1750, bâtit le bagne de Brest qui ne sera désaffecté qu’au milieu du XIXe siècle. Vidocq, fils d’un boulanger d’Arras et le plus célèbre forçat brestois, parviendra à s’en évader. De nombreux fours à chaux servent alors pour aider à la construction des divers bâtiments11.

En novembre 1757, le retour de l’escadre de Du Bois de La Motte à Brest apporte le typhus, dénommé alors "maladie de Brest". Dans un premier temps, seuls les marins sont contaminés, puis l’épidémie se transmet à la ville. Cette épidémie fit environ 5 000 victimes à Brest même, le double si on prend en compte la région avoisinante.

Parmi les amiraux de l’Ancien Régime qui ont commandé la Marine, le port et la ville de Brest, mention spéciale doit être faite de la dynastie des amiraux de Roquefeuil dont le père Jacques Aymar de Roquefeuil et du Bousquet puis le fils Aymar Joseph de Roquefeuil et du Bousquet ont exercé cette fonction pendant trente-trois ans à eux deux (1728/1740 puis 1761/1782). Une rue du quartier de Recouvrance porte encore leur nom.

Pendant la guerre d'Indépendance américaine, Brest, sous la direction du comte d'Hector, joue un rôle essentiel dans l'armement des grandes escadres en partance pour les Amériques. En raison de la crainte d'un débarquement anglais lié à cette guerre, une ceinture de forts est construite pour protéger Brest, y compris côté terre : le fort Montbarey est édifié en 1784, le fort de Keranroux, le fort du Questel, le fort de Penfeld, pendant le règne de Louis XVI.

Sous la Révolution, Brest prend une nouvelle importance. Ce grand port militaire doit à tout prix rester acquis à la France. En 1789, la ville s’engage majoritairement pour la Révolution. Plus grande ville de l’ouest de la Bretagne, on lui préféra pourtant Quimper comme chef-lieu de département du Finistère lors de sa création sous l’Assemblée constituante en 1791. En 1792, ce sont même les fédérés brestois qui, avec les fédérés marseillais, prennent les Tuileries, lors de la journée du 10 août, afin d’emprisonner le roi. Cependant, après la radicalisation révolutionnaire, notamment le coup d’État des Montagnards contre les Girondins en juin 1793, la commune de Brest, majoritairement girondine, se détache de la nouvelle orientation. Elle prend part à ce qu’on appelle alors le « fédéralisme ».

En représailles à la politique révolutionnaire, les Anglais imposent un blocus de la ville de 1793 à 1805.

Après l’échec de ce mouvement, la répression est activée : le 5 février 1794, les représentants du peuple en mission, Tréhouart et Laignelot installent le Tribunal révolutionnaire de Brest, qui juge cent soixante-quinze personnes et condamne soixante-dix accusés à la guillotine. C'est également à ce moment-là que se déroule l'exécution de 26 administrateurs du département (équivalent des conseillers généraux d'aujourd'hui) au prix d'un procès mené à charge et sans réelle possibilité de défense de la part des accusés.

Parallèlement, la marine est redressée par André Jeanbon Saint André. Après la mort de Robespierre, la nouvelle arrive à Brest tardivement et n’engendre dans un premier temps aucun changement : la guillotine poursuit son travail. Toutefois, dès septembre, des prisonniers de la Terreur sont libérés : ceux-ci lancent un vaste mouvement d’opinion contre les Jacobins qu’ils appellent rapidement « terroristes ». Ils les accusent notamment d’avoir été sanguinaires et même d’avoir bu le sang des victimes (sans qu’il n’y ait aucune trace dans les sources). La surenchère amène finalement l’arrestation de la plupart de ceux qui ont été liés à la Terreur.

Les anciens notables de la ville, ceux qui avaient été au pouvoir lors des débuts de la Révolution, retrouvent leur influence et leur place au sein des organes de la ville. Ainsi, lors des élections de 1795 pour les nouvelles assemblées directoriales, trois Girondins sont élus. En 1800, Joseph Caffarelli est nommé préfet maritime.

 

XIXe siècle

 

Le monument La Consulaire érigé sur les quais de la Penfeld en 1833 : prise de guerre de la conquête de l’Algérie.

Chateaubriand décrit ainsi Brest dans Mémoires d'outre-tombe :

« Cette mer que je devais rencontrer sur tant de rivages baignait à Brest l'extrémité de la péninsule armoricaine : après ce cap avancé, il n'y avait plus rien qu'un océan sans bornes et des mondes inconnus ; mon imagination se jouait dans ces espaces. Souvent, assis sur quelque mât qui gisait le long du quai de Recouvrance, je regardais les mouvements de la foule : constructeurs, matelots, militaires, douaniers, forçats passaient et repassaient devant moi. Des voyageurs débarquaient et s'embarquaient, des pilotes commandaient la manœuvre, des charpentiers équarrissaient des pièces de bois, des cordiers filaient des câbles, des mousses allumaient des feux sous des chaudières d'où sortaient une épaisse fumée et la saine odeur du goudron. On portait, on reportait, on roulait de la marine aux magasins et des magasins à la marine des ballots de marchandises, des sacs de vivres, des trains d'artillerie. Ici des charrettes s'avançaient dans l'eau à reculons pour recevoir des chargements ; là, des palans enlevaient des fardeaux tandis que des grues descendaient des pierres et que des cure-môles creusaient des atterrissements. Des postes répétaient des signaux, des chaloupes allaient et venaient, des vaisseaux appareillaient ou rentraient dans les bassins. »

« Mon esprit se remplissait d'idées vagues sur la société, sur ses biens et ses maux. Je ne sais quelle tristesse me gagnait ; je quittais le mât sur lequel j'étais assis ; je remontais le Penfeld, qui se jette dans le port ; j'arrivais à un coude où ce port disparaissait. Là, ne voyant plus rien qu'une vallée tourbeuse, mais entendant encore le murmure confus de la mer et la voix des hommes, je me couchais au bord de la petite rivière. »

La ville perd cependant beaucoup d’influence : en raison du blocus anglais permanent, la Marine est quasi paralysée et ne peut plus jouer le rôle d’avant-poste de la République. Ainsi, la ville connaît une phase d’accalmie. Le témoignage de Jules Michelet décrit bien l'ambiance de ce port en 1833 lors de sa visite, mais aussi les difficultés qu'y rencontre la Marine :

« À l'autre bout, c'est Brest, le grand port militaire, la pensée de Richelieu, la main de Louis XIV ; fort, arsenal et bagne, canons et vaisseaux, armées et millions, la force de la France entassée au bout de la France : tout cela dans un port serré, où l'on étouffe entre deux montagnes chargées d'immenses constructions. Quand vous parcourez ce port, c'est comme si vous passiez dans une petite barque entre deux vaisseaux de haut bord ; il semble que ces lourdes masses vont venir à vous et que vous allez être pris entre elles. L'impression générale est grande, mais pénible. C'est un prodigieux tour de force, un défi porté à l'Angleterre et à la nature. J'y sens partout l'effort, et l'air du bagne et la chaîne du forçat. C'est justement à cette pointe où la mer, échappée du détroit de la Manche, vient briser avec tant de fureur que nous avons placé le grand dépôt de notre marine. Certes, il est bien gardé. J'y ai vu mille canons18. L'on n'y entrera pas ; mais l'on n'en sort pas comme on veut. Plus d'un vaisseau a péri à la passe de Brest. Toute cette côte est un cimetière. Il s'y perd soixante embarcations chaque hiver. La mer est anglaise d'inclination ; elle n'aime pas la France ; elle brise nos vaisseaux ; elle ensable nos ports. »

Bibliographie Jules Michelet, Histoire de France, 1861, Chamerot, Paris. (tome II, pages 9-10)

 
Le Second Empire

 

Le port de Brest en 1864, par Jules Noël (Brest, musée des Beaux-Arts)

Après un siècle de marasme, le développement de Brest reprit sous le Second Empire. En 1856, Napoléon III permit à la ville de jeter un pont sur la Penfeld, un pont tournant21 dénommé d'abord « pont Impérial », puis « pont National ». L’empereur et l’impératrice furent reçus magnifiquement quand ils séjournèrent à Brest du 9 août au 12 août 1858. En reconnaissance de cet accueil, Napoléon III fit agrandir l’arsenal et prolonger deux lignes de chemin de fer jusqu’à Brest et créa le port de commerce22.

Le rail parvient jusqu'à Brest en 1865 avec l'ouverture de la ligne venant de Paris-Montparnasse jusqu'à Brest. Certains tronçons de cette ligne sont restés à une seule voie pendant plusieurs décennies : c'est encore le cas par exemple en 1892 pour les tronçons Rennes - Saint-Brieuc et Guingamp - Kerhuon, c'est-à-dire presque jusqu'à Brest.

Enserrée dans ses fortifications, la ville de Brest parvient à s'agrandir : par la loi du 25 avril 1847, Brest annexe le territoire du fort Penfeld ainsi que d'autres situés à l'est de la Penfeld comme les villages de l'Harteloire et de Lannoc-ar-Pape, la grève de Porstrein et le village du même nom.

Par la loi du 4 mai 1861, Brest annexe 172 hectares de la commune de Lambézellec25 (dénommés pendant un temps « l’extension » ou « l'annexion » : son axe principal était l'ancien « Grand Chemin » qui prit le nom de « Rue de Paris », actuelle « Rue Jean-Jaurès » de Brest)et comprenant par exemple l'actuelle Place de la Liberté, l’Octroi, les cimetières Saint-Martin et de Kerfautras, l'église Saint-Martin, l'actuel port de commerce, le quartier de la gare, le ravin du Moulin à poudre, etc., pour s’étendre hors les murs et englober son nouveau port de commerce. En contrepartie, la commune de Brest doit participer au financement de la reconstruction de l'église de Lambézellec28. Les habitants de Lambézellec, en perdant leur façade maritime, perdent aussi le droit de couper le goémon sur les grèves, droit réservé aux habitants des communes littorales.

Par le décret du 24 mai 1865 une partie du territoire de la commune de Lambézellec comprenant le Bot, le Douric et Pen-ar-Creach est transférée à la commune de Saint-Marc ; en 1864, le Conseil général du Finistère avait donné un avis favorable « attendu qu'à la partie du nouveau bourg (à 92 mètres), on arrive sur le territoire de Lambézellec ». Ce transfert concerne 26 hectares et 200 habitants, tous favorables à ladite annexion. La ville s'agrandit donc et se transforme également considérablement.

Article détaillé : Quartier de l'annexion devenu depuis Saint-Martin.

La Penfeld en 1901, avec le Pont National tournant et le croiseur Duguay-Trouin, surnommé Borda

Le 11 octobre 1866 à Brest, plus de 20 000 personnes assistent sur la place Fautras à la quadruple exécution par guillotine de quatre marins (Pierre-Louis Oillic, Lénard, Thépaut et Carbucci) qui faisaient partie de l’équipage mutiné du Fœderis Arca , un trois-mâts barque parti de Sète à destination de Veracuz chargé de vin et d’alcool destiné aux officiers de l’expédition française au Mexique. Ils avaient été condamnés à mort par le tribunal maritime de Brest le 22 juin 1866 pour avoir assassiné le capitaine Richebourg, son second Théodore Aubert ainsi que le mousse âgé de 11 ans pendant leur mutinerie le 30 juin 1864 avant de couler leur navire dans l’océan Atlantique et de prendre place dans une chaloupe de sauvetage où ils avaient été recueillis en se disant victimes d’un naufrage. Quatre autres marins du même équipage mutiné furent acquittés pour deux d’entre eux ou condamnés à des peines plus légères pour les deux autres.

 
Le XXe siècle
La Belle Époque (1890-1914)

Le port de guerre vers 1912 (photographie autochrome de Jules Gervais-Courtellemont)

La présence de la Royale explique que très tôt, Brest a été un îlot de francophonie dans un monde bretonnant, comme en témoigne par exemple une enquête de 1902 : Brest est alors l'une des trois seules communes du Finistère, avec ses voisines Saint-Pierre-Quilbignon et Le Relecq-Kerhuon où l'enseignement du catéchisme est donné exclusivement en français, alors que dans 169 communes du département il est donné en breton et en français, que dans 123 autres communes le catéchisme est donné en breton alors que les élèves savent le français et que dans une seule commune (Guengat) les instituteurs déclarent que les élèves sont incapables de comprendre le français.

La Première Guerre Mondiale

En 1917, Brest devient un des deux ports de débarquement, avec Saint-Nazaire, de l'American Expeditionary Force, le corps expéditionnaire américain, venu soutenir les Alliés de la Première Guerre mondiale. Un vaste camp militaire fut installé à Pontanézen.

« Brest vit débarquer sur ses quais tour à tour les troupes russes, portugaises, américaines. De mai à octobre 1918, des centaines de milliers de soldats américains débarquèrent à Brest. Le plus grand steamer du monde, le SS Léviathan, desservait uniquement Brest, et il amenait à chaque voyage 10 000 hommes. Des camps étaient établis un peu partout autour de Brest pour loger tous ces soldats en attendant leur transfert vers le front. Le camp de Pontanézen contenait à lui seul 110 000 hommes : c'était une véritable ville à côté de la ville. (…). Depuis l'entrée en guerre des États-Unis jusqu'à l'armistice, la rade de Brest reçut 105 transports de troupes et 784 110 hommes. (…) Le nombre des ouvriers de l'arsenal restait toujours voisin de 6 00034. »

Pierre Keraudren, né à Brest en 1896, soldat au 76e régiment d'infanterie, fut fusillé pour l'exemple le 4 janvier 1918 à Craonne (Aisne), "tué au cours d'une mutinerie".

L'entre deux guerres

L'activité du port fut grande aussi en 1919-1920 au moment du réembarquement des troupes américaines. La vente des stocks américains fin 1919 et courant 1920 attira à Brest une foule de spéculateurs guettant l'aubaine d'achats à bas prix.

Brest devient à cette époque une forteresse ouvrière et syndicale : les manifestations et grèves y sont nombreuses et de véritables émeutes éclatent, comme celle du 7 août 193536, qui provoque le décès d'un ouvrier de l'arsenal et une vingtaine de blessés.

 

La Seconde Guerre Mondiale

En juin 1940, avant l'arrivée des Allemands dans la ville, Brest fut le lieu de départ de l'or de la Banque de France.

Les troupes allemandes entrent à Brest le 19 juin 1940. Elles vont y construire alors une base sous-marine. Les premiers bombardements des Alliés sur la ville commencent cette même année, ainsi le 25 septembre 1940, des avions de la R.A.F. bombardent à trois reprises la commune voisine de Saint-Marc ainsi que le centre-ville de Brest, une bombe atteignant en particulier la clinique d'accouchement du docteur Delalande. « L'émotion et l'indignation des Brestois sont extrêmes » commente le journal L'Ouest-Éclair, alors contrôlé par les autorités allemandes. Les bombardements dureront jusqu’à la libération de la ville le 18 septembre 1944 par les troupes américaines après un siège de quarante-trois jours, ce qui sera appelé la bataille de Brest. Les dégâts sont immenses et la ville en très grande partie détruite.

Entre 1940 et 1944, Brest est la cible de 165 bombardements (pour 480 alertes), qui firent 965 morts et 740 blessés graves.

L'abri Sadi-Carnot, creusé en plein centre-ville de Brest en 1941-1942 servait de refuge aux 2 000 Brestois restés dans la cité, ainsi qu'aux troupes allemandes d'occupation. L'explosion accidentelle survenue dans la nuit su 8 au 9 septembre 1944 provoqua la mort de 371 français (dont celle de Victor Eusen, président de la délégation spéciale chargé d'administrer Brest entre 1942 et 1944) et de 500 à 600 soldats allemands.

La vie quotidienne dans le quartier de Saint-Martin à Brest pendant la guerre a été racontée par une de ses habitantes41.

Une soixantaine de Brestois furent fusillés par les Allemands et 146 furent déportés.

Après la percée d'Avranches en Normandie, le 30 juillet 1944, les troupes américaines progressent rapidement en Bretagne. Les Alliés souhaitent alors se rendre maitres de ports importants, nécessaires pour l'approvisionnement des troupes, le port de Cherbourg ayant été en grande partie détruit. Dès le 7 août, Brest est assiégée par les 2e, 8e et 29e division d’infanterie américaines42, membres du 8e corps d'armée, commandé par le général Troy Middleton, de la IIIe armée américaine. La ville n'est libérée que le 18 septembre 1944 après 45 jours de combats. Pendant le siège, la ville reçut 30 000 bombes et 100 000 obus ; environ 10 000 militaires alliés ou allemands y laissèrent leur vie. Comme à Saint-Malo, les Allemands, sur ordre du général Fahrmbacher qui commande les troupes allemandes en Bretagne, font preuve d'une grande détermination à défendre la ville et le port. Sur les 16 500 immeubles existant avant guerre, seuls 200 étaient encore debout, dont quatre seulement dans le centre-ville.

L'hebdomadaire Courrier du Finistère a publié des témoignages de Brestois ayant subi ces bombardements.


La formation du Grand Brest et la Reconstruction

 

Le plan Mathon tel qu’il fut adopté en 1948.

Brest s'était agrandie une première fois en 1681 (annexion de Recouvrance au détriment de la paroisse de Saint-Pierre-Quilbignon) et à nouveau en 1861 au détriment de la commune de Lambézellec (annexion du quartier dénommé ensuite l'Annexion allant de l'actuelle place de la Liberté à l'Octroi, incluant entre autres le quartier de Saint-Martin).

Articles détaillés : Saint-Pierre-Quilbignon, Lambézellec, Saint-Marc et Bellevue.

Mais c'est en 1944 (arrêté du 3 octobre 1944 pris par Victor Le Gorgeu, alors commissaire régional de la République), que la commune de Brest s'agrandit de façon importante, quand commença sa reconstruction, en absorbant trois communes voisines : Lambézellec, Saint-Marc et Saint-Pierre-Quilbignon. Les habitants, réfugiés pour beaucoup dans d’autres régions (la Sarthe notamment), rentrent alors reconstruire, sur les décombres du vieux Brest, une ville nouvelle (1946-1961) selon les plans de Jean-Baptiste Mathon. Brest est alors devenu une ville de conception urbaine moderne, s'opposant au Brest d'avant-guerre, où des quartiers insalubres existaient. Alors que la vieille ville était très vallonnée, la ville nouvelle, débarrassée de ses remparts, est aplanie et ouverte. Le centre-ville du nouveau Brest se présente donc sur un plateau, qui par endroits est à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol originel. À l'inverse de villes reconstruites dans l'esprit d'avant-guerre comme Saint-Malo, Brest n'a pas visé la conservation de l’esthétique et du patrimoine historique de la ville d'avant-guerre. Le plan Mathon, bien vite adopté, est fondamentalement conservateur, d'un point de vue urbanistique, et n'eut pas la complexité de celui d'Auguste Perret au Havre en 1944. Du vieux Brest, seuls le château, la tour Tanguy, des parties de Recouvrance, ainsi que les faubourgs, ont résisté aux bombes américaines et à la Reconstruction.

Article connexe : Architecture de la Reconstruction.

Le 28 juillet 1947, l'explosion de l'Ocean Liberty, un Liberty ship chargé de 3 000 tonnes d'ammonitrates (un engrais très explosif), échoué sur le banc de Saint-Marc, provoque 26 morts, une centaine de blessés graves et des dégâts considérables dans toute la ville, l'effet de souffle ayant été très important. « La baraque-hôtel située en bordure de l'avenue Amiral Réveillère a été entièrement brûlée […] L'hôpital Ponchelet a été entièrement dévasté […]. Le plafond du cinéma Eden s'est effondré. […] Les rues sont jonchées de débris de verre » écrit le journal Ouest-France.

Pendant cette période de Reconstruction, on construisit également des baraques en bois pour les sans-abri. Le Grossherzogin Elisabeth, un trois-mâts école allemand rebaptisé Duchesse Anne, sert de logement militaire à partir de 1949.

 

Seconde moitié du XXème Siècle
 

En mars 1950, débutent les grèves ouvrières des dockers et des ouvriers de la Reconstruction, pour une augmentation de salaire. À la suite d'une manifestation agitée le 16 avril 1950, réunissant 1 000 à 2 000 ouvriers, des responsables du parti communiste et de la CGT sont arrêtés. Le lendemain, 2 500 grévistes dénoncent ces arrestations et affrontent violemment les forces de l’ordre. La répression fait quarante-neuf blessés et un mort, Édouard Mazé, ouvrier de vingt-six ans tué par les CRS d’une balle dans la tête. Les syndicats lancent alors une grève générale en signe de deuil. Son enterrement réunit près de 20 000 personnes, tandis que l’Assemblée nationale décide de ne blâmer officiellement que la violence des grévistes.

 

XXIème Siècle
 

Le nouveau tramway de Brest, a été mis en service durant l'été 2012 (rue de Siam)

Orientée de longue date vers l’industrie d’armement, Brest y puise sa prospérité d’après-guerre. Mais le déclin de cette industrie impose, à la fin du XXe siècle, la reconversion des activités économiques vers les services, la recherche et les nouvelles technologies.

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Pont de Recouvrance

Tramway

Tour Rose

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